Tout au cours de son mandat, Donald Trump n’a cessé de vanter son bilan économique. Cette habitude s’est trouvée au coeur de la stratégie du président pendant la campagne pour les élections de mi-mandat.
Le 27 Juillet 2018, Trump décrivait ainsi ce qu’il juge être son succès économique :
« Nous sommes sur le point d’atteindre la meilleure croissance moyenne annuelle en plus de 13 ans. […] Mais peut-être, l’une des plus grandes victoires […] et c’est en effet là une grande réussite est que le déficit commercial, que j’affectionne particulièrement, car nous avons été arnaqués par le monde entier a baissé de plus de 50 millions de dollars. […] Peu importe là où l’on regarde, on peut voir les manifestations de ce miracle économique américain. Nous avons créé 3,7 millions emplois depuis notre élection. […] Nous sommes dans la plus longue série de création d’emplois de l’Histoire. »
On peut facilement retrouver les éléments-clefs d’un discours de Donald Trump : un pamphlet contre les administrations précédentes, une tendance à l’emphase, à l’auto-satisfaction et des chiffres souvent exagérés par rapport à la réalité. Mais, tous les mérites évoqués lui sont-ils attribuables? Et quelle est la situation actuelle de l’économie américaine?
A) Une économie en fin de cycle
À la suite de la crise de 2008, un nouveau cycle avait démarré, avec de grands projets de relance menés par Barack Obama. Depuis, le chômage avait de façon générale diminué. Ce cycle a constitué la deuxième plus longue phase de croissance de l’Histoire moderne des États-Unis. Toutefois, dix ans plus tard, celui-ci semble désormais toucher à sa fin. Dès 2016, la croissance américaine freinait déjà.
On peut toutefois donner partiellement raison à Donald Trump : il a participé à cette revitalisation de l’économie, principalement à travers des abattements fiscaux pour les entreprises et les ménages au détriment du déficit public. Mais, par ces mesures il a artificiellement dopé la croissance, afin de gagner deux années de forte croissance. Or, lorsque la croissance américaine ralentira, probablement aux alentours de 2019-2020, ces cadeaux fiscaux devraient se retourner contre Trump. En creusant ainsi le déficit, il sacrifie des atouts qui auraient pu remédier aux crises futures.
B) Un risque d’aggravation des inégalités
Il convient déjà de remettre en cause un postulat souvent évoqué : les électeurs de Trump ne se limitent pas uniquement aux classes populaires, mais on y trouve également des classes moyennes supérieures, voire une partie de l’élite. Ces dernières ont largement profité des mesures de Trump.
De plus, les réformes fiscales risquent d’affecter les ménages les plus défavorisés, qui devraient en théorie voir les aides étatiques diminuer, surtout en cas de crise, puisque le déficit budgétaire ne cesse de se creuser. Les mesures protectionnistes du locataire de la Maison Blanche pourraient également aggraver la situation d’une partie de l’Amérique rurale, et notamment des agriculteurs. Afin de limiter leur perte, Trump a mis en place une compensation économique aggravant là encore le déficit. On peut alors se demander combien de temps cette situation pourra durer.
C) Des marchés financiers instables
Depuis l’arrivée de Donald Trump, les marchés ont largement repris du poil de la bête. À la suite de son élection, le niveau du Dow Jones avoisinait les 18,957. En Novembre 2018, il oscille entre 25,000 et 26,000. Cependant, il ne faut pas croire que cela est directement dû à l’élection du 45e président des États-Unis. Dès 2016, le Dow Jones commençait à atteindre des valeurs historiques.
Au cours des derniers mois, certaines baisses notables sur les marchés financiers ont toutefois eu lieu. Ces variations peuvent être partiellement imputables au caractère assez instable de Trump. Ces tweets étant très suivis par les investisseurs, toute décision peut avoir des répercutions sur les marchés. Ainsi, le caractère imprévisible de Trump semble se répercuter sur la confiance des investisseurs et donc sur les indices boursiers.
On a donc une situation véritablement paradoxale, avec des records historiques qui sont fréquemment franchis, des marchés euphoriques, mais des signes de ralentissement et une certaine instabilité.
D) Le libre-échange ou la guerre commerciale?
Les taxes sur les importations à l’égard de la Chine, ou les barrières tarifaires sur les produits européens ont été le symbole des mesures protectionnistes de Trump. Dénonçant une concurrence déloyale de certains États, qui aggraverait le déficit commercial américain, le président continue de multiplier les menaces à l’égard de ses partenaires/rivaux commerciaux. En procédant de la sorte, il s’expose à de nombreuses menaces. Les réponses chinoises vont croissantes, et Beijing menace de, par exemple, vendre les bons du trésor américain, ce qui serait désastreux pour l’économie américaine. Dernière affaire en date : le pillage par Pékin de la propriété intellectuelle américaine, que ce soient les turbines d’éolienne, les moteurs d’avion ou encore les puces à mémoire vive.
Mais, il ne faut pas croire que Trump refuse totalement le libre-échange. Par exemple il a remis en cause l’ancien ALENA et a mis en place l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC). Cet accord semble mieux contrôler les biens qui entrent aux États-Unis et a pour but la relocalisation de la production sur le sol national. Depuis cette renégociation, l’administration Trump tente d’étendre les modalités du traité à d’autres partenaires commerciaux, comme le Japon ou l’Union Européenne. Mais de façon générale, ce libre-échange est progressivement réduit, au profit de mesures protectionnistes.
On aboutit alors à une vision assez contradictoire du commerce, que le président résume de la façon suivante : faire des affaires avec les États-Unis est un « privilège ».