Rédiger une introduction parfaite
Puisqu’il s’agit du premier contact que vous allez établir avec votre correcteur, l’introduction est réellement la partie la plus importante de la dissertation. Elle constitue une part non négligeable de la notation, de telle sorte qu’à la fin de l’introduction on peut déjà appliquer une note qui correspondra généralement à la note finale, dans un intervalle de 2 à 3 points. Compte tenu de son importance, il est conseillé de la rédiger préalablement au brouillon. Sa taille doit osciller entre 1,5 et 2 pages, soit le recto et le verso d’une copie de concours (en comptant l’en-tête du premier verso).
L’introduction doit être dotée d’une structure claire et stricte. Pour éviter les introductions « approximatives », l’idéal est de se tenir à un même enchaînement mécanique : une accroche (1), une définition rigoureuse des termes (2), une contextualisation du sujet (3), une problématisation ou la mise en lumière d’un paradoxe central (4), l’énoncé d’une problématique claire et précise (5), une annonce de plan (6).
1. L’accroche
Contrairement à ce que certains semblent penser, il ne s’agit pas uniquement d’un argument esthétique ! L’accroche permet de montrer l’intérêt du sujet, d’accrocher le sujet à son existence réelle. Il faut donc se forcer à en trouver une (ce qui nécessite au préalable d’avoir des « fiches d’accroche » sur chaque chapitre). On peut distinguer 5 types d’accroche : la donnée chiffrée (i), le fait historique (ii) ; la citation scientifique (iii), la citation littéraire (iv), le fait d’actualité (v).
Il y a trois règles qui permettent de définir une bonne accroche : elle est précise, directement reliée au sujet, et n’est ni un proverbe ni un lieu commun !
Souvent, l’accroche se composera de deux phrases, une énonçant un fait ou une citation, l’autre reliant la première au sujet en utilisant explicitement les termes du sujet.
Exemple – « Croissance et Inégalités » (ESSEC, 2015), copie notée 20/20.
2. La définition des termes
Les définitions doivent être les plus précises possibles, et tous les termes doivent être définis, ou au moins abordés dans l’introduction. Dans l’idéal, on peut même citer l’auteur ou l’œuvre d’où on extrait la définition.
Pour réussir cette partie de la dissertation, il n’y a pas de secret : il faut apprendre l’ensemble des définitions du programme. Pour ce faire, la constitution d’un lexique personnel est indispensable. On pourra par ailleurs se référer au Dictionnaire de science économique d’A. Beitone (A. Colin, 2016).
Les meilleures définitions sont par ailleurs celles qui débouchent sur une typologie. Par exemple, sur le sujet « Inégalités et Croissance économique » (ESSEC, 2015), il s’agissait non pas seulement de définir ce qu’est une inégalité, mais également de souligner leur pluralité et d’en proposer une typologie (de revenus, de patrimoine…).
Exemple – « Institutions et Développement » (HEC, 2015), copie notée 20/20.
3. Contextualisation
Les problèmes soulevés par le sujet s’inscrivent dans un cadre spatio-temporel qu’il s’agit de mettre en lumière en quelques lignes (10 ou 15). Pour cela, il faut mobiliser vos connaissances sur l’histoire économique (les grandes périodes et points de retournement suffisent). On peut même, selon les sujets, utiliser les grands mouvements de l’histoire de la pensée économique. Dans l’idéal, la contextualisation se clôture par l’exposition des débats actuels qui vont venir légitimer notre problématique.
Exemple – « Faut-il lutter contre les monopoles ? » (ESSEC, 2011), copie notée 17/20
4. Problématisation et problématique
Le but de la problématisation est de mettre en lumière les tensions et paradoxes qui traversent le sujet. La confrontation des termes du sujet fait naître des interrogations qu’il s’agit d’exposer. On peut ainsi soulever un ensemble de questions qui seront unifiées lors de la mise en exergue de la problématique (2-3 max).
La rédaction d’une problématisation permet d’éviter de poser une problématique ex-nihilo, ad-hoc, uniquement par contrainte du sujet. On peut employer des formulations usuelles comme : « Un paradoxe apparaît dès lors que l’on constate…« .
Si la problématisation est bien réalisée, la problématique coule de source. Il s’agit d’une question claire et unique à laquelle la copie tentera de répondre. Évidemment, la problématique étant la pierre angulaire de la dissertation, il s’agit de la mettre en valeur et de soigner son expression.
Surtout, il faut qu’il s’agisse d’une vraie question afin que l’on puisse réellement lui apporter une réponse lors de la conclusion. Il faut alors éviter les fausses interrogations comme celles qui commencent en général par « Dans quelle mesure…« . De même, on évitera les questions métaphysiques auxquelles l’économiste ou le sociologue ne pourra pas apporter de réponse pertinente.
Exemple – « Les relations commerciales internationales obéissent-elles aux lois du marché ?« , extrait d’ouvrage à paraître.
5. Annonce du plan
Pour l’annonce de plan, mieux vaut éviter l’usage de « Première partie », « Deuxième partie…« . On préfèrera ainsi une phrase structurée en indiquant à quelle partie fait référence chaque mouvement de votre phrase. Par exemple : « Si le chômage peut résulter de causes conjoncturelles (I), il nous faudra également souligner que ce phénomène se comprend également à travers l’analyse des caractéristiques structurelles d’une économie (II)« .
Pour savoir comment construire un plan pertinent et efficace, vous pouvez vous reporter au premier article de cet série : Méthodologie 1/4.
N.B. : Mieux vaut deux parties structurées et équilibrées qu’une troisième partie atrophiée et inutile.
Exemple 9 – « Croissance et Inégalités » (ESSEC, 2015), copie notée 20/20.
6. Remarques de mise en page
Afin de mettre en valeur la structure de votre introduction, il est conseillé de :
- Placer un alinéa avant l’accroche ;
- Faire un retour à la ligne à la fin de chaque mouvement de l’introduction ;
- Sauter une ligne avant et après la problématique de telle sorte à ce que celle-ci soit immédiatement visible, on pourra placer devant cette problématique un alinéa ;
- Faire un alinéa avant l’annonce de plan ;
- Tracer un trait horizontal de 5cm ou dessiner trois petites étoiles pour clôturer l’introduction et marquer la césure avec le développement.