Les Figures de l’ombre (Hidden Figures) nous fait entrer dans l’univers mystérieux et passionnant de la NASA aux temps de la Guerre Froide. L’histoire se raconte à travers les yeux de trois femmes noires travaillant au centre de recherche Langley en tant que calculatrices humaines. Le spectateur y découvre toutes les difficultés rencontrées par les Américains pour envoyer leurs astronautes dans l’espace, mais fait face également au racisme qui règne dans l’institution. En effet, Katherine Goble, Dorothy Vaughan et Mary Jackson peinent à se faire une place malgré leur talent indéniable, et redoubleront d’efforts pour faire entendre leurs voix et participer au grand projet de la NASA. Dépassant peu à peu les préjugés et les barrières qu’elles ont toujours connus, Katherine deviendra incontournable lors des calculs des trajectoires des missions du programme Mercury et Apollo 11, Mary deviendra la première femme ingénieure et Dorothy Vaughan sera nommée superviseuse d’équipe dans la nouvelle section IBM, devenant de ce fait de véritables héroïnes dans la conquête spatiale.
Comment s’en servir en géopolitique et en anglais?
Le film illustre à merveille plusieurs aspects de votre programme de géopolitique de première et de deuxième année. Nous pouvons l’utiliser aussi bien dans un sujet sur la conquête de l’espace et la Guerre Froide, ou encore sur la lutte raciale aux États-Unis.
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La course à l’espace
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L’action a lieu lors d’une période de hautes tensions au sein des États-Unis. En effet, le pays mène une véritable compétition avec l’Union soviétique dans le domaine astronautique afin d’être le premier pays à envoyer un astronaute sur la Lune. Les deux superpuissances s’affrontent sans relâche dans cette course spatiale et veulent prouver au monde entier leur supériorité. Comme le film le montre bien, ce sont tout d’abord les soviétiques qui distancent les États-Unis, avec notamment le lancement du premier satellite Spoutnik 1 en 1957. C’est alors que la suprématie technologique des Américains est en danger, et que ceux-ci redoublent d’efforts pour rattraper leur retard. Une scène montre ainsi Al Harrison, directeur du Space Task Groupe, exiger encore plus de la part de ses employés, craignant que les Soviétiques ne mettent en orbite une bombe au-dessus du sol américain. L’effort spatial, qui engage plus de 40 000 personnes à cette époque, est voulu et requis par le président Kennedy qui y voit là une guerre idéologique et pour qui la victoire serait une preuve évidente de la suprématie américaine.
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Une double ségrégation
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Tout d’abord, le spectateur peut remarquer que la NASA est décrite comme un monde d’hommes. À cette époque, les hommes monopolisent les postes à responsabilités et les femmes – bien qu’instruites – sont redirigées vers des postes machinaux et sans risque. Les femmes sont de simples « calculatrices » et ne font que vérifier les calculs faits par les hommes, et ne sont pas autorisées à participer aux réunions les plus importantes ou encore à devenir ingénieures. Il faut ainsi attendre que certains hommes prennent conscience du talent de certaines d’entre elles pour réévaluer la place des femmes au sein de l’institution américaine.
Ensuite, la ségrégation la plus dénoncée dans le film demeure la ségrégation raciale. Katherine et ses deux amies font face à une Amérique « racisée », vivant sous les lois Jim Crow qui instaurent une séparation entre les Blancs et les Noirs. « Separate but equal », ceci vaut aussi au sein des bâtiments de la NASA. Fait humoristique mais pour autant parlant, Katherine se voit réprimandée lorsqu’elle part trop longtemps aux toilettes réservées aux femmes noires qui se trouvent à l’autre bout du campus. Lorsque celle-ci arrive dans la nouvelle équipe d’Al Harrison, elle doit faire face à la méfiance de ses collègues qui refusent de boire dans les mêmes tasses qu’elles et qui voient sa présence comme un affront. Ainsi, Katherine et ses amies devront mettre d’autant plus d’acharnement dans leur travail pour prouver leur intelligence et gagner le respect de leurs collègues.
Finalement, c’est l’avancement personnel qui servira de vecteur de progrès social, pour des héroïnes qui croient en la grandeur de l’Amérique et au respect des lois. Cet avancement se fait sans violence et les héroïnes sont finalement reconnues pour leurs talents, devenant ce qu’elles ont toujours été : des scientifiques. S’il y a une phrase à retenir pour ceux qui ont vu le film, ce serait celle d’Al Harrison, qui finit par détruire le panneau « Toilettes de couleur » : « Ici, à la NASA, on pisse tous de la même couleur. »
En résumé :
En quelques mots : Les Figures de l’ombre retrace l’histoire vraie de quelques scientifiques travaillant à la NASA. Pour elles, la difficulté est double : ce sont des femmes, noires, qui se battent pour travailler à des postes importants au sein de l’institution américaine qui redouble d’efforts en cette période de Guerre Froide.
dPour aller plus loin :
De manière plus poussée, le film nous fait voir la “Nouvelle Frontière” de JFK, pour qui il faut dans les années 60 à tout prix stimuler l’économie, fournir plus de moyens à la défense nationale, développer la NASA et lutter contre la ségrégation des populations noires. Pour en savoir plus sur cette notion de « New Frontier » : regardez cette vidéo