L’arrivée en classe préparatoire rime souvent avec désillusion. Alors que pour la plupart vous dérouliez vos compétences au lycée, sans forcer et en parvenant à garder des plages de temps libre, vous vous rendez compte que ce n’est maintenant plus le cas. Les professeurs ne sont plus toujours vos meilleurs amis, vous n’êtes plus premier de la classe et vous enchaînez les performances plus que moyennes. Si cela est bien entendu normal, il n’en reste pas moins que ce passage peut engendrer un important coup au moral. Le meilleur moyen pour supporter ça, c’est de progresser. Et c’est là qu’apparaît le problème.
En effet, progresser en prépa n’est pas simple.
Premièrement parce que la charge de travail est importante et les matières complexes, mais surtout parce qu’il y a une distinction à faire entre « progression » et « sentiment de progression ».
La progression peut être présente, mais invisible pour vous, ce qui n’aide en rien puisque, sans sentiment conscient de progression, il est impossible de se sentir motivé. Cette distinction entre « progression » et « sentiment de progression » peut être difficile à cerner et vous devez sûrement en ce moment même vous poser la question : comment puis-je ne pas savoir que je progresse ? La réponse est, en fait, simple. La classe préparatoire se faisant, par définition, dans une classe, vous êtes notés par rapport aux autres ainsi que par rapport au niveau global de cette classe. Par conséquent, vous pouvez très bien garder le même classement, mais progresser (car le niveau de la classe augmente aussi), perdre des places mais progresser aussi (d’une façon moins rapide que les autres) ou, pire, conserver des très bonnes places mais ne pas progresser (car le niveau de la classe est en fait trop faible pour vous). Vous comprenez mieux maintenant : prendre conscience de sa progression en prépa, c’est comme tenter d’évaluer sa vitesse par rapport à un repère déjà mobile !
Heureusement, des solutions existent. Maintenant que vous savez qu’on ne progresse pas « en prépa » mais qu’on progresse par rapport à soi, il semble logique que le meilleur moyen d’obtenir ce « sentiment de progression », essentiel à la motivation, est de se concentrer sur soi et rien que sur soi. Il faut parvenir à mettre en place des méthodes d’organisation qui permettent de mesurer ce progrès, afin de le rendre perceptible. C’est donc par l’organisation que passe cette perception. L’idée est de constamment noter vos erreurs, les raisons de vos erreurs, votre temps, etc. Pour illustrer cette idée, prenons maintenant quelques exemples matière par matière.
En mathématiques, mettez en place des « cahiers » par thèmes (analyse, algèbre, proba) dans lesquels vous conserverez (précieusement et soigneusement !) vos exercices de vos professeurs ou vos annales. Quand vous ferez les exercices, mettez en relief les questions sur lesquelles vous avez buté, afin de voir directement si oui ou non vous avez progressé quand vous les referez. En parallèle de ces cahiers, vous pouvez vous construire un tableau sur votre ordinateur où vous noterez la date, le temps, le sujet de l’exercice et les questions difficiles. Avec nos élèves, nous suivons leurs progrès grâce à un tableau de suivi des méthodes à connaître en maths. Les méthodes sont celles compilées dans nos ouvrages (version ECS et version ECE).
En langues, c’est le même principe : organisez-vous pour faire vos traductions de manière à noter le temps que vous avez mis et vos erreurs, afin de pouvoir voir ensuite votre progression (ou le cas échéant votre régression). Utilisez aussi votre propre vocabulaire et des logiciels comme provoc (ou wordquizz sur windows) pour rendre vos progrès explicites. N’hésitez pas aussi à rendre régulièrement des devoirs supplémentaires à vos professeurs. Vous ne serez comme ça pas notés par rapport à la classe, mais par rapport à vos anciens travaux rendus !
Dans les matières comme l’HGG, l’ESH ou la philosophie, c’est un peu plus compliqué. Ce sont des matières nécessitant énormément de pratique. Entraînez-vous à faire des plans, des plans personnels avec vos données et vos auteurs précédemment soigneusement sélectionnés. Comparez-les ensuite avec des corrections et des très bonnes copies de concours (c’est-à-dire du contenu objectif, pas comme les notations au sein d’une classe). Voici par exemple un exemple de très bonne copie de culture générale. En faisant cela, vous aurez certainement au bout d’un certain temps le sentiment gratifiant de « savoir » quand un plan fonctionne, et quand il ne fonctionne pas.
En résumé, vous êtes tous capables de progresser. Le processus d’intégration d’une classe préparatoire est sélectif et si vous y êtes, c’est que vous avez très certainement le potentiel pour réussir. Ne vous laissez pas miner par un sentiment de stagnation souvent faussé et concentrez-vous sur vous !