Festival de géopolitique de Grenoble (2017)
Constat introductif : Les économistes spatiaux et les économistes industriels pensent les gains de la localisation des entreprises en métropoles (dynamiques de l’emploi). Ces douze métropoles régionales ont été actées par plusieurs lois. Par un processus d’étalement urbain, les métropoles accumulent davantage d’emplois loin du centre. Alors que les territoires denses se renforcent, les territoires en déprise voient la réduction de leurs emplois, jusqu’à la paupérisation. Par exemple, la seule aire nouvelle de Paris comporte 22% des emplois français contre 24% pour toutes les autres métropoles réunies. Cette dynamique bénéficie-t-elle aux territoires non métropolitains (modèle dual ou modèle de diffusion) ? Ce qui est si attractif dans les métropoles est le fait qu’elles engendrent des économies externes d’agglomération (concentration des facteurs de production, dimension organisation, connaissances et compétences). C’est ce qui provoque une surperformance de ces métropoles qui va générer de la croissance économique.
Question 1 : Toutes les métropoles engendrent-elles un effet métropolitain ?
- Lorsque nous considérons les créations d’emplois au niveau des bassins d’emplois (304), les effets sont un peu plus subtils que cela. Il y a un effet côtier (plus d’emplois) ou un effet de « diagonale du vide » (moins d’emplois). Dans cette compétition territoriale, les métropoles apparaissent inégales. Lorsque nous observons les communes à l’intérieur des métropoles, des inégalités subsistent (effet fractal). Il existe de fortes disparités aussi au sein des métropoles.
- Dans ce contexte, la croissance de l’emploi s’explique par la combinaison de deux effets. D’un côté, la croissance de l’emploi est portée par un portefeuille d’activités. Il s’agit d’un effet sectoriel. Pour le cas de l’aéronautique, il y a du capital rigide, il est difficile de changer le processus de production (déménager les locaux). En outre, il existe l’effet local, dû exclusivement aux caractéristiques du territoire et pas exclusivement au portefeuille d’activités locales. Ces deux effets conjugués déterminent un effet métropolitain (Lille, Rouen ou Nice ne sont pas favorisées alors que Paris, Rennes, Bordeaux le sont). Ceci permet de comprendre qu’il ne suffit pas d’être une métropole pour avoir un climat des affaires positif.
- Nous pouvons faire une étude de cas sur la région « Auvergne Rhône-Alpes ». Par exemple, il existe des effets locaux plus forts à Lyon qu’à Grenoble. Ce dernier est une capitale de l’innovation mais dispose pas d’un moteur économique puissant.
Question 2 : Les territoires bénéficient-ils toujours de la dynamique métropolitaine ?
- Dans la variation de l’emploi, elle considère l’effet local. Il existe des effets de débordement sur les régions qui sont contrastés. Mais, chaque zone d’emploi n’est pas une île. Les zones proches entretiennent avec elles une ressemblance. Du coup, ils observent une autocorrélation spatiale de l’effet local (mesure de similitude de deux zones proches). Les zones fortes sont celles qui bénéficient de bonnes autocorrélations (Loire Atlantique, Rhône Alpes, Alsace, Corse) tandis que d’autres ont de mauvaises corrélations (Champagne Ardennes).
Question 3 : Les effets métropolitains débordent-ils toujours de la métropole ?
- Il est possible de prendre appui sur la base compétitive, moteur de la croissance des économies (industrie, services aux entreprises, commerce de gros, logistique), qui se distingue des économies résidentielles. Sur la période de 2004 à 2010 :
- Rennes a tendance à diffuser ses effets de débordements
- Nantes ne rayonne pas davantage
- Lille est vraiment « en grave crise existentielle »
- Il existe des métropoles qui sont « métropolisantes » avec une diffusion dans le territoire contigu. Dans les villes comme Brest, Grenoble, Lille ou Strasbourg : les territoires ne bénéficient pas toujours du renforcement de la base compétitive. Si l’on se focalise sur Lyon/Grenoble, le fractionnement de la métropole ne s’améliore pas. Dans le cas plus spécifique de Grenoble, le processus de percolation de la métropole grenobloise connaît de nombreux points faibles. 1/ Les effets de débordement diminuent 2/ La métropole a tendance à se replier sur elle-même 3/ Le contraste est fort avec Lyon.
- Les effets de débordement peuvent varier d’une métropole à l’autre.
En vue d’une action publique efficace :
Constats : En France, il n’existe pas de schéma métropolitain unique (situations internes, trajectoires, effets de débordements). De façon générale, la taille est un avantage considérable mais un avantage qui tend à s’éroder. En plus, les effets d’agglomération ne vont pas forcément de soi pour produire une surperformance.
Recommandations : Il ne suffit pas d’avoir du prêt-à-porter, il s’agit de regarder la dynamique interne de la métropole et celle qui existe avec son territoire :
- Assurer un positionnement sur des services à forte valeur ajoutée
- Faciliter le partage de ressources spécifiques souvent inaccessibles aux PME
- Mécanismes de coordination et d’interdépendances pour vivifier le tissu des métropoles.