Les épreuves d’histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain aux concours des écoles de commerce effraient généralement au premier abord.
Celle de l’ESCP par exemple. Quatre heures seulement pour rédiger une dissertation équilibrée et réaliser un croquis de synthèse de qualité. Le mythe veut qu’il s’agirait d’un tel tour de force que même certains professeurs agrégés ne seraient pas (ou plus) capables d’exécuter.
L’oral de géopolitique à HEC accorde aux candidats 30 petites minutes pour préparer un exposé qui en fera une dizaine sur des sujets aussi variés que « Être paysan en France depuis le début du XXe siècle » ou la « R&D et la création d’emplois dans les pays industrialisés » (2016). “Impossible !” dirait plus d’un. Mais, il faut comprendre les attentes de ces épreuves. Les questions et sujets posés ne s’adressent pas à des spécialistes mais sont destinés à vérifier si les candidats sont capables de faire face à une difficulté et à proposer un propos ou une production cohérent en ne mobilisant que les éléments pertinents du programme et ou de l’actualité. Cette capacité demande un entraînement de longue haleine et voilà l’objectif des années de classe préparatoire. Non pas à engloutir une montagne de connaissances livresques pour les recracher le jour J en espérant que le jury y trouvera ce qu’il cherche.
La “cabale” de l’HGGMC
L’histoire, la géographie et la géopolitique constituent souvent des disciplines mystifiées en classe préparatoire. Lorsque le premier cours commence, l’enseignant parle vite, donne beaucoup d’informations. Les étudiants paniquent en pensant à tout ce qu’ils vont devoir apprendre en plus de la civilisation en langue et de la dizaine de lois de probabilité accompagnées de leur binôme de Newton. Sans oublier le « cogito ergo sum » cartésien et la théorie de falsifiabilité de Popper. Cette panique grandit lorsque les étudiants relisent leur cours de géopolitique. Il leur apparait souvent comme un bloc indigeste de connaissances diverses, à la fois historiques, économiques, politiques, culturelles, sociales. Les faits rapportés sont nombreux, complexes et on a peur à la fois de trop simplifier et de passer à côté de LA pépite, DU détail qui sera utile au concours. Enfin la terreur est totale lorsque les étudiants se penchent sur le programme : en première année, l’histoire du XXe siècle, la mondialisation et les grands problèmes du monde contemporain (alimentation, risques, …) ; en seconde année, une étude géohistorique, géopolitique et géoéconomique de l’Amérique, de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que de l’Asie.
Rappelons alors ceci. L’histoire, la géographie et la géopolitique se pensent et s’écrivent par des problèmes dont le questionnement réside dans des arguments eux-mêmes discutés via des concepts, des références, des faits ou des représentations graphiques. Miracle ! Une dissertation se dessine. Une petite démonstration de ce qui est attendu dans une grande partie :
I- Un argument fort
- A) un concept et/ou une référence qui explicite l’argument
1- un fait, autrement dit un exemple alimenté de dates, de chiffres, d’acteurs, de localisations précises, le tout étant le plus récent possible.
2- parfois un autre fait qui vient nuancer le premier, cette fois illustré par un schéma si le sujet s’y prête.
Pour en avoir le coeur net : un coup d’oeil à ces deux articles de MyPrepa News, le premier sur “l’empire américain : Mythes et réalités “ et “la construction européenne confrontée à la question de la nation (1951-2018), ESSEC 2018”.
Mais alors … Il serait inutile de connaître par coeur les 2 manuels, 3 essais et 5 thèses sur la Guerre Froide ainsi que les 4 articles et 6 ouvrages sur la crise de 2008 présentés dans la bibliographie de mon enseignant ?
Les exigences du concours, ni plus, ni moins.
Le rapport du jury de l’ESCP en 2018 souligne que des « copies faibles ou moyennes » étaient « caractérisées par leur manque de […] maîtrise de la technique de la dissertation ».
Autrement dit l’important est de maîtriser une technique de réalisation d’un exercice académique, pas d’avoir une expertise poussée ! Il faut donc se constituer un réservoir de « munitions » pour concevoir une bonne dissertation ou alors un bon commentaire ou une légende de croquis soignée. Du cours et de ses supports (bibliographies, chronologies, …), il s’agit de prélever seulement ce qui sera utile à cet objectif :
- une problématique: la Chine conçoit-elle seule un nouvel ordre mondial ou bien profite-t-elle d’une tendance, d’ailleurs en concurrence avec d’autres acteurs ?
- un concept : la puissance normative de l’Union Européenne, l’hiver démographique européen…
- une référence : Zaiki Laïdi, La norme sans la force, l’énigme de la puissance européenne, 2013 ; Gérard-François Dumont, le festin de Kronos, 2002,
- une date : le pacte du Quincy le 14 février 1945, protection américaine accordée à la dynastie Saoud en échange de son pétrole,
- un chiffre : en 2018, l’économiste Xiang Songzuo évoquait une croissance chinoise de 1,67%, à rebours des chiffres officiels,
- un schéma …
Comment les sélectionner ? Il ne faut retenir que ceux qui nous parlent et lorsque la leçon ou le sujet porte sur l’actualité, se limiter aux plus récents. Ne pas oublier de les lier à une idée forte. Pour le chiffre précédemment cité, il permettrait de montrer que l’économie chinoise commence peut-être à s’essouffler. Il faut ensuite constituer des cahiers, un par partie du programme, classant ces « munitions » en rubrique (“Concepts et leurs définitions” ; “Références”, etc.) et les apprendre par cœur. Cet apprentissage ira d’autant plus vite que les connaissances retenues sont celles qui vous touchent.
Cette technique a l’avantage de s’adapter à toute situation : elle permet d’apprendre un cours efficacement mais aussi de ficher un ouvrage ou encore de préparer la légende de vos croquis. Elle évite aussi la dispersion et la noyade, écueils dans lesquels il est facile de tomber compte tenu de la masse d’informations auxquelles vous avez accès. Ainsi, l’épreuve d’histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain n’est pas une épreuve d’érudition. Elle ne requiert que synthèse et méthode, qui viennent de vous être présentées dans les grandes lignes. Avec une orthographe et une syntaxe irréprochables (travailler l’épreuve de contractionet de synthèse est un remède miraculeux !), le 20/20 vous attend !
Pour vous améliorer sur les aspects pratiques de la méthodologie de la dissertation de géopolitique, rendez-vous sur cet article !
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