Structurer son argumentation
Le but de la dissertation est d’arriver à une conclusion, c’est-à-dire d’avoir répondu à une problématique. Si cela peut sembler évident, il faut TOUJOURS se le rappeler et se forcer à adopter un style purement argumentatif. Tous les passages narratifs sont à proscrire. Vous devez démontrer quelque chose, et non pas réciter des parties de votre cours. Tout paragraphe de la dissertation doit ainsi s’organiser de façon formelle autour d’un enchaînement logique : affirmation, explication et illustration. Prenez toujours le temps de rappeler à votre correcteur que vous êtes dans le sujet en utilisant les termes de ce dernier et en explicitant toujours vos démonstrations. On peut envisager la dissertation comme la plaidoirie d’un avocat qui défend une thèse et cherche à la démontrer de la façon la plus convaincante possible.
Un développement structuré se compose de :
- 2 ou 3 parties ;
- segmentées en 2 ou 3 sous-parties ;
- elles-mêmes divisées en 2 paragraphes chacune ;
Chaque partie est une étape du raisonnement, arrivant dans un ordre nécessaire et logique, devant conduire à donner une réponse à la problématique.
1. Les chapeaux introductifs
Chaque partie commence par un chapeau introductif. Ce dernier permet à votre correcteur de saisir d’un seul coup d’œil l’intérêt de votre partie et sa structure interne. Il se compose de deux phrases : une qui rappelle la thèse générale de la partie, et une autre qui permet d’annoncer les différentes sous-parties qui vont être développées (A-B-C). La présence de chapeaux introductifs dans votre dissertation permet de montrer à votre correcteur une certaine rigueur dans la structure et une maîtrise technique de la dissertation.
Exemple – « La guerre des monnaies » (ESSEC, 2017), copie notée 18/20.
2. Sous-parties et paragraphes
Chaque sous-partie équivaut à une dimension de l’axe argumentatif développé dans la partie qui la contient. Chaque paragraphe (2 par sous-partie dans l’idéal), expose un argument précis, développé et illustré, propre à cette dimension (Affirmer – Expliquer – Illustrer).
Chaque sous-partie se conclut en montrant en quoi elle est nécessaire pour répondre à la problématique (et pas HS !).
Il est important de noter que les auteurs viennent soutenir votre argumentaire, mais votre argumentaire ne doit pas être un catalogue d’auteurs. Dans l’idéal, chaque paragraphe mentionne l’auteur ayant contribué à l’avancement de l’argument. A minima, on cherche à citer un auteur par paragraphe.
Les dates, faits et données permettent de mettre en lien théorie et empirie, c’est pourquoi il ne faut jamais les traiter séparément ! On ne peut ainsi pas se permettre de faire une sous-partie théorique et une sous-partie empirique. Il faut que dans un développement théorique on puisse toujours avoir une illustration empirique.
Exemple – « La place des marchés de capitaux internationaux dans le financement des économies nationales » (Agrégation SES, 2017), copie notée 18/20.
3. Conclusion partielle et transition
Comme chaque sous-partie commence par la rédaction d’un chapeau introductif, elle se clôture également par la conclusion d’un « chapeau conclusif » constitué d’une conclusion partielle et d’une transition vers la partie suivant. La conclusion partielle permet de mettre en exergue la cohérence de la partie et montrer en quoi elle a permis de répondre à la problématique posée. Cette partie appelant à un prolongement, la partie suivante, il faut rédiger une phrase de transition qui permette de passer de l’une à l’autre. Soigner la transition contribue à montrer la cohérence de l’exposé.
Votre correcteur doit pouvoir comprendre la cohérence de votre copie uniquement en lisant les chapeaux introductifs et conclusions partielles s’il le souhaite !
Exemple – « Peut-on considérer que la concurrence constitue le véritable moteur de la croissance économique ? » (ESCP, 2015), copie notée 20/20.
4. La conclusion finale
La conclusion peut se décomposer en trois mouvements :
- Dans un premier temps il s’agit rappeler le chemin parcouru. Sans reprendre tous les arguments, il faut réexpliquer l’articulation des parties et montrer ce que cet enchaînement nous a permis d’avancer dans la recherche d’une réponse à notre problématique.
- Il faut ensuite apporter une réponse à la problématique. Les rapports de jury mentionnent trop souvent le caractère par trop timoré de certaines conclusions : il faut accepter de finir la dissertation, c’est-à-dire de répondre clairement à la problématique.
- Le dernier mouvement est l’ouverture. Il s’agit une ou deux phrases qui montrent les autres problèmes qui sont soulevés par la résolution du premier (notre problématique). On peut en profiter pour lancer une ou deux références originales pour quitter le correcteur sur une bonne impression.
N.B. : C’est à la fin de la lecture de votre copie, donc après avoir lu votre conclusion, que votre correcteur mettra sa note finale. Il est donc de la plus haute importance de ne pas bâcler la conclusion et de la considérer comme un « bouquet final ». Si vous êtes habitué des conclusions bâclées, peut-être vaut-il mieux la rédiger au propre avant même de commencer à rédiger le développement.
Exemple – « Les États ont-ils encore à arbitrer entre le chômage et l’inflation ? » (ESCP, 2015), copie notée 20/20.
5. Compléments de forme
Pour que la mise en page de la copie soit plus lisible, nous conseillons :
- Un saut de deux ou trois lignes entre l’introduction et le développement, et entre le développement et la conclusion ;
- Dans les parties, faire un double alinéa avant le chapeau introductif, un saut d’une ligne entre les sous-parties, un alinéa avant chaque sous-partie, un retour à la ligne entre chaque paragraphe ;
- Entre les parties : sauter de 2 ou 3 lignes, et dessiner trois petites étoiles ;
- Dans la conclusion : faire un alinéa au début, et un alinéa avant l’ouverture.
Lorsque vous citez un auteur :
- Mentionnez si possible son prénom ou, à défaut, l’initiale de ce dernier,
- S’il s’agit d’un auteur majeur (Smith, Ricardo, Marx, Keynes, Friedman…) précisez ses dates de naissance et de mort,
- Citez l’ouvrage ou l’article que vous mobilisez, et soulignez-le (en théorie il faut souligner uniquement les ouvrage et non les titres d’article, mais pour plus de visibilité on peut accepter de souligner ces derniers).
Exemple – « Peut-on considérer que la concurrence constitue le véritable moteur de la croissance économique ? » (ESCP, 2015), copie notée 20/20.
Si vous insérez un graphique :
- Assurez-vous que celui-ci soit compréhensible par n’importe quel correcteur, cela veut dire que le graphique ne peut être introduit qu’après une explication concernant ses hypothèses de construction,
- Ne le tracer pas au crayon gris mais au stylo bille, soignez la présentation, vous pouvez introduire de la couleur avec des crayons de couleur,
- N’oubliez pas de mentionner à quoi correspondent vos axes et chacune des fonctions représentées,
- Donner un titre à votre graphique qui souligne immédiatement sa pertinence pour le sujet traité.
Surtout, n’oubliez pas que vous écrivez pour être lus ! De ce fait il faut tout faire pour mettre votre correcteur dans un état d’esprit « bienveillant » vis-à-vis de votre copie. Cela passe notamment par le soin apporté à la graphie, la qualité de l’orthographe, l’aération de la copie et les constants rappels au sujet pour s’assurer de l’absence de hors sujet !
Retrouvez également la première,la deuxième et la quatrième partie de la méthodologie de la dissertation en ESH.