Avertissement : Essayer de faire le sujet (Analyse des termes, cadre chronologique et historique, problématique, plan détaillé, introduction rédigée et éléments de conclusion) avant de regarder la correction proposée
Résumé de l’article
Cet article a pour vocation de donner un cadre méthodologique appliqué au traitement d’un sujet d’Histoire-géographie et géopolitique du monde contemporain (pour les ECS). Il est ponctué de Rappels « Rapport de Jury » (afin de rappeler les enjeux de l’exercice), d’ « astuces » (pour les définition, la problématisation, le plan, l’organisation des brouillons et même la rédaction) et de « conseils de correcteurs ». Le document est divisé en 5 à 6 parties qui mettent en valeur les étapes de la réflexion, des rappels du stade de la réflexion sont signalés au fil du sujet.
Sommaire
- Analyse des termes du sujet
- Problématique/Idées de conclusion/Plan
- Plan détaille
- Introduction rédigée
- Carte et légende
- À retenir – l’essentiel autour des recommandations du jury
Rappel « Rapport de Jury » (ESCP 2008)
Outre l’absence de véritable réflexion autour de l’idée du « clivage », le jury s’est également étonné du peu de cas faits aux termes « Nord » et « Sud » qui ne sont guère définis par les candidats, comme si, là encore, ils allaient d’eux-mêmes, alors qu’ils sont moins explicites que les termes de « pays développés » et de « pays en développement. Nombre de candidats sont partis bille en tête, sans réfléchir aux tenants et aux aboutissants du sujet, transformant volontiers le libellé en ce qu’il n’était pas.
La définition des termes (à la fois « stricte » et « relativement aux uns et aux autres ») est donc ici primordiale pour cadre le sujet. Cela conditionne la réussite d’une réflexion construite, nuancée et aboutie.
« Eau » : Ensemble des ressources hydriques (C’est l’ensemble des eaux accessibles comme ressources, on exclut donc les mers et océans de l’analyse)
Stade de la réflexion : c’est une ressource en abondance dans le monde mais très inégalement répartie… ce qui pourrait être un premier facteur de tensions.
« Objet d’enjeux » :
- Objet : subit une action, attire les convoitises, peut constituer un but, une finalité.
- Enjeu : Un enjeu est quelque chose que l’on peut perdre ou gagner, il est mis « en jeu ».
Être « l’objet d’enjeux », c’est donc être justement l’objet que l’on peut gagner ou perdre, avec toutes ses conséquences (ici pas d’eau = pas d’élévation générale des niveaux de vies = pas d’accès au développement)
Stade de la réflexion : On comprend bien que l’eau, par son importance dans le cadre du développement des sociétés, est évidemment un objet d’enjeux (les enjeux sont l’augmentation générale des niveaux de vies, la performance et l’égalité économique, notamment dans l’accès à cette ressource).
« Astuce » : Il peut être utile de déterminer précisément et brièvement de quels « enjeux » l’eau est objet (« L’eau est objet des enjeux du développement car + exemple »). Cela peut aider à « muscler » vos définitions et donner des idées de plans et de problématiques par la suite.
« Sujet de tensions » :
- Sujet : le sujet est à l’origine de l’action, il en est le déclencheur.
- Tensions : ensemble de contentieux, de situations conflictuelles, qui peuvent varier d’intensité ou de nature entre un ou plusieurs acteurs.
Être « sujet de tensions », c’est donc être à l’origine de situations conflictuelle, déclencher des contentieux entre plusieurs acteurs ….
Stade de la réflexion : Il convient d’une manière analogue, de se demander à quelles tensions l’eau serait-elle à l’origine – les tensions autour du contrôle des ressources hydriques (Tigre, Euphrate, Turquie-Syrie/Irak). Ces tensions semblent être inter et intra-étatiques (mauvaises redistributions entre les populations).
Ainsi, l’eau en tant qu’objet d’enjeux primordiaux, semble être également sujet à des tensions dans le monde.
Le « point de départ » notre réflexion serait donc d’affirmer que par son importance cruciale (« objet d’enjeux ») , l’eau est à l’origine de tensions (« sujet de tensions ») dans le monde.
Cadre spatial : Échelle mondiale (évident)
Cadre temporel : L’eau et l’hygiène en général a toujours été au centre du développement des sociétés (irrigation). On peut néanmoins dater une importance accrue de l’eau dans le développement (notamment par le rôle qu’elle avait dans la diffusion des épidémies) à partir des deux révolutions industrielles.
Problématique
« Astuce » préalable: On peut prendre une feuille de brouillon et la couper en 3 parties inégales. Une petite partie en haut pour y mettre la problématique, une grande partie au milieu pour y mettre les 3 grands axes du plan exposés très clairement et une partie en bas de page pour mettre les idées de conclusion.
« Conseil des correcteurs » : Après la définition des termes du sujet, il convient de bâtir un plan qui répond à une problématique. Cette réponse est rappelée dans la conclusion. Plusieurs possibilités s’offrent donc à nous ici :
a) Si la problématique est immédiatement « donnée » (majorité des sujets) on l’écrit et on essaye d’y répondre directement dans la partie conclusion pour trouver le plan.
b) Si la problématique est difficile à formuler, on écrit les premières idées générales qui nous viennent à l’esprit après la définition des termes, à l’instar du point de départ que nous avons mis en évidence à la fin de l’analyse : « Il semble qu’en tant qu’objet d’enjeux, l’eau soit nécessairement sujet de tensions dans le monde ». Ces idées pourront constituer une réponse possible ou une partie de réponse au sujet, c’est-à-dire une « grande partie ». Il sera dès lors plus facile de trouver une problématique par la suite.
Stade de la réflexion : Ici, il semble que nos dernières remarques de l’analyse soient pertinentes. Le sujet repose sur la relation entre « objet d’enjeux » et « sujet de tensions ». Il convient dès lors de ce demander si cette relation est systématique… :
« Les divers enjeux liés à l’eau dans le monde impliquent-ils nécessairement des tensions accrues autour de cette ressource ? »
Idées de conclusion
On répond alors à cette problématique. Cette réponse va constituer nos éléments de conclusion, puisque celle-ci doit systématiquement comporter une réponse concise à la problématique :
« Astuce » : C’est également le moment de « déployer » votre réflexion, c’est-à-dire de vous donner des idées de plan. En effet, si la réponse à la problématique est unique, elle doit se décomposer dans l’idéal en 3 temps. Ce sera votre plan !
Nos éléments de conclusion seraient alors : « Si les ressources en eau sont effectivement au cœur d’enjeux majeurs, ce qui entraîne d’indéniables tensions autour de leur contrôle et de leur répartition, les acteurs régionaux et internationaux semblent être toutefois enclins à introduire une gestion plus pacifiée et plus durable des ressources en eau afin d’apaiser les tensions ».
On voit qu’avec un entraînement régulier, la conclusion est déjà pratiquement rédigée… et que l’on a déjà des idées concrètes pour le plan.
Plan
Rappel « Rapport de Jury » (ESCP 2011)
Chaque sujet se construit autour d’un plan qui lui est propre. Par paresse intellectuelle ou logique assurantielle, beaucoup de candidats plaquent sans discernement des morceaux de plans étudiés durant l’année ou appris par coeur lors de leur bachotage.
Le plan est donc le témoin de notre effort de réflexion en même temps qu’il est une réponse nuancée et progressive à notre problématique (voire l’annonce du plan dans l’introduction rédigée pour s’en convaincre).
Si la réponse à la problématique dans les idées de conclusion a été correctement menée, trouver un plan est plus aisé car vous savez où vous allez (en l’occurrence vous montrez que si l’eau est un objet d’enjeux primordiaux et qu’elle implique donc de multiples formes de tensions, des initiatives fortes semblent être menées pour apaiser ces tensions et introduire une gestion plus équitable et durable des ressources en eau).
Le plan serait donc :
I. L’eau semble être au cœur des enjeux économiques, environnementaux et géopolitiques…
II. … ce qui en fait une ressource convoitée, à l’origine de multiples formes tensions entre les acteurs du monde contemporain… (On a donc ici notre « point de départ » de la réflexion en deux temps qui correspondent au parties I et II…)
« Astuce » : Le plan étant un « déploiement » de notre raisonnement, on remarque bien ici que l’on « découpe » notre « point de départ » en deux temps. Ce principe doit systématiquement guider la construction de vos plans. Vous « décomposez » votre réflexion et votre réponse en 3 parties qui répondent à la problématique.
III… toutefois, de ces tensions découlent des initiatives par les acteurs régionaux et internationaux afin d’introduire une gestion plus pacifiée et durable des ressources en eaux.
« Astuce» : l’« antithèse » du sujet apparaît donc ici inhabituellement en troisième partie. Remarquez que l’on reste nuancé, en disant que ces initiatives n’apaisent pas nécessairement ces tensions. On va simplement démontrer qu’elles existent (ce qui valide par ailleurs que l’eau est bien l’objet d’enjeux primordiaux pour le monde).
Vous montrez alors ici une réflexion aboutie, qui n’oublie aucun aspect du sujet
« Conseil des correcteurs » : Chaque partie doit comporter deux à trois sous parties, dans l’idéal de longueurs égales. On peut par exemple faire A) économie/social B) Géopolitique (et éventuellement C) Aspects culturels). Il est aussi assez heureux de donner un cadre historique à la démonstration dans le I) A). Le but est ensuite de donner un exemple par sous partie (au plus deux, afin de ne pas « dissoudre » le propos lors de la rédaction)
I. Tout d’abord, il semble que l’eau soit au cœur semble être au cœur des enjeux économiques, environnementaux et géopolitiques…
A. L’eau est, depuis les deux révolutions industrielles, au cœur des enjeux du développement…
Exemple : Un rôle primordial dans l’agriculture (irrigation) et l’industrie
B. Cette importance économique et humaine implique également des enjeux écologiques
Exemple : Le Glyphosate – l’utilisation des eaux dans l’industrie et l’agriculture implique parfois la pollution de ressources en eaux (nappes phréatiques).
B. De ces importances économiques et écologiques naissent des enjeux géopolitiques du contrôle des eaux.
Exemple : Le partage des eaux du Tigre et de l’Euphrate entre la Turquie, la Syrie t l’IraK
II. .. ce qui en fait une ressource convoitée à l’origine de multiples formes de tensions entre les acteurs du monde contemporain..
A. Des tensions économiques et sociales…
Exemple : les inégalités dans l’accés à l’eau (infrastructures, approvisionnement) liées aux inégalités sociales (faire des renvois à la carte)
B. Dont découlent des tensions géopolitiques…
Exemple : le partage des eaux du jourdain entre Israël et ses voisins arabes
C. Des tensions environnementales …
Exemple : le rejet des eaux usés en Inde et au Bangladesh (faire des renvois à la carte)
III. Toutefois, de ces tensions découlent des initiatives régionales et internationales afin d’introduire une gestion plus pacifiée et durable des ressources en eaux.
A. Une gestion pacifiée de la ressource…
Exemple : Plus de 400 accords sur l’eau signés depuis 1820, des accords locaux (Paraguay/Brésil/ Argentine)
B. Une gestion durable de la ressource…
Exemple : la popularisation de l’usage de l’énergie hydroélectrique dans le cadre du DD. L’eau comme vecteur de production d’énergie.
« Par nature, l’eau sert à éteindre les feux, pas à les allumer ». Cette phrase de Munther Hadadin, ancien ministre jordanien de l’Eau et de l’Irrigation, illustre la frustration de l’État jordanien vis-à-vis du partage des eaux du Jourdain avec Israël : L’eau, objet d’enjeux, sujet de tensions dans le monde.
L’Eau, c’est-à-dire l’ensemble des ressources hydriques utilisables et consommables par l’homme est au cœur des enjeux du développement dans le monde. Les ressources hydriques jouent en effet un rôle essentiel dans l’essor de l’agriculture, de l’industrie, tout comme de la vie urbaine. Dans ce cadre, l’eau serait alors sujet de tensions, c’est-à-dire à l’origine de contentieux et de situations conflictuelles multiples. Cependant, l’eau, plus que tout autre ressource, est également l’objet de coopérations et d’une gestion plus pacifiée et plus durable, en cela qu’elle est un enjeu vital pour les sociétés.
Dès lors, les divers enjeux liés à l’eau impliquent-ils nécessairement des tensions accrues autour de cette ressource ?
L’Eau est au cœur d’enjeux économiques, géopolitiques et environnementaux (I), ce qui en fait une ressource convoitée, à l’origine de multiples formes de tensions (II), dont découlent des initiatives pour une gestion pacifiée et plus durable des ressources en eaux (III)
À retenir – l’essentiel autour des recommandations du jury
- Ne pas hésiter à faire une « typologie » des situations et des tensions en troisième partie (ici de la carte, mais cela aurait pu être également valable pour le plan de dissertation).
- Les sujets sans « ? » impliquent un « décalage des enjeux », entre qualités d’exposition et de réflexion. Ici, une réflexion solide sera le premier critère valorisé alors que sur les sujets formulés en question les qualités d’expositions et de réflexion sont évaluées de manière égales.
- Problématisation sur un sujet sans « ? » : définir les termes comme à l’accoutumée et s’interroger sur les oppositions entre eux (on définit toujours les termes entre eux).
- Exprimer clairement et simplement la problématique reste capital malgré la profondeur du sujet (commun au sujet sans « ? »).