Pour les germanistes, la politique allemande est souvent propice à de nombreux sujets à l’écrit comme à l’oral. Le sujet 2018 de LV1 en allemand est probant, avec un texte portant sur l’AfD, mais aussi sur le bilan de la chancelière Merkel. Bref, tout élève désirant intégrer une bonne école se doit de connaitre la vie politique allemande, et surtout les grands partis. Il faut également aller au-delà des clichés concernant certains partis. C’est ce dont nous traiterons dans cet article.
I) Les « grands » partis
Dans cette partie, nous traiterons principalement des deux partis qui ont souvent reçu un grand plébiscite de la part des électeurs, et qui sont extrêmement ancrés dans la vie politique allemande. Il s’agit donc de la CDU et du SPD.
a) La CDU
Parti fondé à la fin de la seconde guerre mondiale, ses initiales signifient Christlich-Demokratische Union. Le groupe s’inspire d’un ancien grand parti catholique, apparu en 1861, et fortement critiqué à l’époque par Bismarck. Désormais, la CDU est multiconfessionnelle, et est considérée comme d’orientation libérale économiquement parlant, mais conservatrice dans ses valeurs. Par exemple, lors du vote du 30 Juillet 2017, portant sur le mariage pour les personnes de même sexe, une large majorité des députés de la CDU s’est montrée hostile à cette mesure (Au sein de la formation, près de 225 votes contre et 75 pour).
Le parti a souvent attiré les fonctionnaires, les catholiques, les retraités et les indépendants. Mais il a du mal à atteindre certaines populations athées ou d’autres religions, en raison de son nom, à connotation chrétienne.
Lors de la campagne de 2017, le groupe énonçait quelques mesures phares, dont une baisse des impôts, l’augmentation de la construction d’infrastructures comme des logements, ou encore un refus de mutualiser les dettes des États de la zone euro.
Attention ! On voit souvent la CDU associée (ou en tensions) avec la CSU, qui correspond à une variante bavaroise de la CDU. Or, la Bavière étant le plus grand des länder, et étant souvent davantage conservatrice, il arrive que les deux partis jumeaux se déchirent. On se souviendra ici des tensions sur la question migratoire.
Enfin, la CDU ce sont surtout 5 chanceliers (dont l’actuelle chancelière, Angela Merkel, Adenauer ou encore Helmut Kohl), avec près de 50 ans de pouvoir, sur les 70 ans d’existence de la République fédérale allemande. Sa présidente est Annegret Kramp-Karrenbauer, fraîchement élue début 2018.
Mais le parti a vu son nombre de voix fondre, passant de 41,5% en 2013 à 33% environ en 2017.
b) Le SPD
Créé en 1863, le Sozialdemokratische Partei Deutschlands désirait défendre la classe ouvrière dans une Allemagne alors en pleine révolution industrielle. Soutenant la mise en place d’un suffrage universel, le parti était une force politique majeure au début du XXème siècle. Après la première guerre mondiale, la formation soutient comme elle peut la République de Weimar, face à la montée des extrêmes (Extrême-gauche révolutionnaire d’abord, puis extrême droite) et refuse les pleins-pouvoirs à Hitler. Bien plus tard, lors du congrès de Bad-Godesberg (1959), elle se recentre davantage sur l’échiquier politique, et tente d’éliminer les éléments les plus extrêmes.
Si le parti, plutôt à gauche encore aujourd’hui, a joui d’une relative stabilité, il a tout de même souffert de grands revers électoraux, et d’une large perte de popularité. On peut y trouver plusieurs causes, comme les réformes HARTZ de 2003 à 2005 (ou « Agenda 2010 »), menées par le chancelier Schröder, issu du SPD. Elles visaient à assainir les finances publiques et à réformer en profondeur le marché du travail. Les conséquences sont principalement une précarisation de l’emploi et une baisse des aides sociales, ce qui a pu déplaire à de nombreux électeurs du SPD. En effet, comment le SPD, qui prônait de nombreuses réformes sociales, avait pu mener de telles mesures?
Au-delà de ces réformes, on peut aussi noter que les Grandes Coalitions (Alliance gouvernementale de la CDU et du SPD) ont sûrement effrité la capacité du SPD à s’opposer à la CDU, qui a longtemps été son parti rival. Il n’y a qu’à voir le débat pour la chancellerie entre Angela Merkel et Martin Schulz (Candidat pour le SPD en 2017) pour s’en convaincre. À chaque fois que ce dernier critiquait une mesure de la chancelière, celle-ci rappelait que dans le cadre de la grande coalition, la dite mesure était en réalité un travail de fond entre le SPD et la CDU, ce qui décrédibilisait le candidat.
Enfin, le SPD, ce sont 3 grands chanceliers, c’est-à-dire Willy Brandt, Helmut Schmidt et Schröder. Sa présidente est Andrea Nahles, élue le 22 avril 2018. Même si le parti conserve une influence certaine, en faisant passer des réformes importantes, comme la mise en place d’un salaire minimum en 2014, ou de l’obtention de la double nationalité pour les enfants d’immigrés, sa popularité a largement chuté. En effet, en 2013, le parti récoltait 25,7%, puis seulement 20,5% des voix en 2017.
Les mots indispensables :
- Die Partei (-en); le parti (Attention ici au genre !)
- Der Abgeordnete(n) : le député
- Die Große Koalition : La grande coalition
- Das allgemeine Wahlrecht : Le suffrage universel
- Der Arbeiter (pluriel identique) : l’ouvrier
- Das Arbeitslosengeld kürzen : Réduire les indemnités chômages
- Die Verarmung (-en), die Verunsicherung : la précarisation
- Die Wahlschlappe : Le revers électoral
- Der Mindestlohn (pluriel : die Mindestlöhne) : le salaire minimum
- vertreten : défendre, soutenir une idée
Pour aller plus loin :
- Sur les récentes tensions entre la CDU et la CSU sur le droit d’asile :www.spiegel.de
- Retrouvez ici quelques extraits du débat télévisé de 2017 entre Merkel et Schulz : Vidéo Youtube.
Cela vous permettra d’identifier les positions des candidats sur certains thèmes encore assez récents (Immigration, Arrivée de Trump etc…), mais aussi de remarquer combien le débat a été calme, détendu, à tel point que certains ont noté que Schulz a été incapable de déstabiliser la chancelière. - Sur les réformes Hartz : www.tagesschau.de
- Sur l’élection de 2017 et la défaite du SPD : www.spiegel.de