Bien que le thème soit connu et que les références aient été travaillées, il faut respecter la spécificité du sujet proposé et articuler sa réflexion à partir de lui. Afin de réagir convenablement face au sujet, voici une série de questions que l’étudiant peut se poser lorsqu’il reçoit l’énoncé. Nous allons ici voir, exemple à l’appui lorsque cela est possible, quelles questions et réflexes peuvent permettre d’entamer la réflexion sur un sujet : « L’art du corps ».
Qu’est-ce que le sujet m’évoque ?
Prendre une ou deux minutes pour noter naïvement les premières choses qui passent par l’esprit pour y revenir plus tard peut permettre d’ouvrir des perspectives et de ne pas se cantonner à une seule lecture du sujet. Noter les références pertinentes, mais pas tout son cours !
« L’art du corps » peut faire penser à l’exécution parfaite d’un geste, à l’expression du corps, à l’art dans le corps (body art), tout art est-il art du corps ?, etc.
Quel est le sens du sujet ? Quels sont les sens du sujet (quelles sont les différentes façons de l’entendre ?) ?
Définir les termes rigoureusement. Prêter une attention particulière à l’équivocité des termes, aux petits mots, ce qui peut donner lieu à différents moments différents de la réflexion, voire à un paradoxe sur lequel peut se fonder une problématique.
Un art par rapport aux règles :
- l’art qui se penserait à partir de la nature ; penser une naturalité des corps.
- l’art peut se comprendre comme science, où le corps devient objet d’un savoir positif, comme dans la médecine.
- l’art du corps comme bel art ou artisanat, visant à la production et donc comme technique, technique du corps (geste, danse), sur le corps (technique imposée au corps dans Surveiller et punir de Foucault), ou au profit du corps.
L’art par la liberté, hors des règles, contre-nature, ouvrant la réflexion sur une liberté du corps par rapport justement au déterminisme de la nature (voire un corps artificiel) ; art du corps comme expression intime du corps ou par le corps. Le corps lui-même s’inscrit dans ce rapport ambigu à la liberté.
D’autre part le « de » peut signifier un art du corps, qui lui est extrinsèque, qu’il produit, ou un art du corps intrinsèque, qui lui est propre.
Quels sont les présupposés du sujet ?
C’est une question subtile mais à laquelle il faut être sensible : bien souvent, le choix des termes n’étant pas anodin, le sujet présuppose d’autres notions. Il est important de le percevoir pour mieux comprendre la thèse sous-jacente à l’énoncé et ses implications.
Ici, le présupposé est notamment qu’un art du corps existe, ce qu’il faut à son tour justifier.
Quels sont les synonymes/antonymes/faux amis conceptuels/thèmes ? A quel sujet proche celui-ci ressemble-t-il ?
Ce sujet invite davantage à explorer la pluralité du sens de l’art qu’à trop en restreindre le sens. Cependant, rien n’est plus dangereux que de tomber, à l’écrit ou à l’oral, sur un sujet qui est presque le même qu’un sujet déjà traité. Il faut respecter exactement le sujet traité.
Raisonner par couples conceptuels (contingent/nécessaire, absolu/relatif, transcendant/immanent, a priori/a posteriori, acte/puissance …).
Penser par catégories philosophiques :
esthétique, épistémologique, métaphysique, politique… Cela permet de traiter le sujet de la façon la plus exhaustive possible, d’avoir une réflexion originale dans les différents champs de la philosophie. Le versant politique, par exemple, est bien trop souvent négligé.